La pédagogie du prix

Question normale, quand on s’interroge sur la valeur à donner à une chose en fonction de ses aspirations ou ses goûts personnels…Question pertinente lorsqu’on se demande si ladite « chose » vaut vraiment ce prix ! Question sensible dès lors que l’on trouve le prix trop élevé et/ou qu’on ne comprend pas pourquoi il est à ce niveau. Car en définitif, même si souvent on paye un prix, c’est en fait la valeur de quelque chose qu’on achète. Y-a-t-il un juste rapport entre le prix et la valeur ? Ce qui « vaut » quelque chose ici, « vaut »-t-il la même chose ailleurs ? Le prix est-il « juste » ? D’où la nécessité de conduire un éclairage sur la chaîne de fabrication du prix qui plus est lorsque celle-ci comprend des étapes multiples et parfois complexes entre l’extérieur et l’intérieur d’une économie comme celle d’une île.

La pédagogie du prix est donc utile car parler des prix, c’est souvent laisser glisser les discussions vers beaucoup de passions, d’inexactitudes et d’idées plus ou moins vagues.

Ces questions autour des prix sont d’autant plus fondées en cette période où l’inflation (c-à-d l’augmentation des prix sur une période) menace de s’accroître et, ce faisant, venir grever le pouvoir d’achat des consommateurs (sachant que ceux-ci seront aussi inégalement impactés)

Cette problématique est, enfin et surtout pour nous résidents dans les territoires ultra-marins aussi vieille qu’un serpent de mer tant les questions de la formation des prix, du pouvoir d’achat, de la vie chère, des boucliers contre cette même vie chère, de l’absence de concurrence réelle, des causes de cette vie « plus chère », défraye régulièrement la chronique des économies des départements d’Outre-mer.

Faire preuve de pédagogie autour de la question des prix s’avère donc être utile. Non, ce n’est pas à travers une mission d’expertise ou un rapport parlementaire de plus, mais tout simplement avec les moyens d’un déroulé qui se veut simplement pédagogique ou didactique sur 4 épisodes pour décrire comment le prix d’un produit se forme d’un point A (ici le lieu de fabrication hors de La Réunion ou dans l’île) à un point B (son lieu de vente dans une grande, moyenne ou petite surface).

Enfin, vouloir faire preuve de pédagogie implique mettre les choses en perspective et de distinguer ce qui est lié aux comportements des acteurs (quels qu’ils soient) de ce qui est indépendant de leur volonté. Cette distinction est particulièrement importante dans le cas d’une petite économie insulaire comme La Réunion. Produisant très peu relativement à sa consommation de biens finaux ou intermédiaires, elle est donc très sensible aux variations des prix de production des biens fabriqués à l’extérieur. Ainsi, même s’il n’y a pas de variation des conditions de production au niveau local, les prix peuvent être sujets à une envolée du fait de cette grande dépendance vis-à-vis de l’extérieur (c’est ce qu’on nomme l’inflation importée).

C’est notamment ce qui se passe actuellement avec l’épisode d’inflation qui pourrait durer plusieurs mois suite au renchérissement des matières premières, des puces électroniques, des coûts de production de l’énergie, des augmentation de prix des containers, de l’élévation en cascades des prix de fabrication de produits entrant dans la fabrication d’autres produits…Comprendre cela permet donc de mieux identifier ce qui est lié aux dysfonctionnements locaux et ce qui est lié aux évènements ou causes extérieures à l’île et indépendant de la volonté des acteurs locaux (même si parfois, et c’est de bonne guerre, ceux-ci en profitent pour glisser quelques augmentations en faisant glisser certains prix ou en usant d’arrondis arguant des effets liés à l’inflation extérieure : ce qui vient d’ailleurs, on le sait, a toujours « bon dos »).

L’ambition de « Alon Koz des Prix »

Telle est donc l’ambition de « Alon Koz des Prix », un voyage en 4 étapes pour poser les mécanismes de la formation des prix dans les économies ultramarines. Ici point de polémique ni de visée à l’encontre de quiconque. Mais uniquement l’objectif d’énoncer les mécanismes factuels qui sont sous-jacent à la fixation des prix. Il s’agira de mettre en lumière des étapes parfois ignorer du consommateur lambda. Il s’agira aussi d’éclairer certaines étapes pour venir compléter des points abordés trop rapidement lors des séquences audiovisuelles. Fort de ce parcours sur la formation des prix des biens, il s’agira enfin de proposer avec lucidité des leviers pouvant être mobilisés pour « agir » sur cette formation sujette à beaucoup d’émotions.

Et dans ce cadre, comme cela est bien souvent le cas, la vérité ne situe pas dans les extrêmes. Vouloir rendre les prix plus « acceptables » consiste à mobiliser l’ensemble des acteurs (les vendeurs, les consommateurs, les régulateurs) afin que cette formation des prix soit acceptée car en accord avec la valeur réelle des biens, la sensation que tout a été fait pour éviter les abus, que les consommateurs disposent des moyens réels de faire jouer la concurrence dans leur territoire de consommation.

Alors, maintenant « Allon Koz des Prix » !!!!

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